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Le peuplement d’un bac de moins de 200 litres : un numéro d’équilibriste (1/3)

Rubrique : Vivant
Auteur : kactusficus
Niveau : Tous

Première partie: les bases

Le choix peuplement du bac est évidemment une des étapes les plus excitante et en même temps certainement la plus cruciale et délicate, lorsque l’on se lance dans l’aventure du micro-récif.

De ce choix vont découler les aménagements du décor, certaines modifications de paramètres, et bien d’autres éléments. Comme on peut s’en douter, c’est tout le bac qui tourne autour de sa population, pour le bien-être de celle-ci.

Nous nous attacherons ici au peuplement en poisson, le peuplement en invertébrés, crustacés et détritivores étant à part. Cet article n’entend bien sûr pas détenir la vérité, il ne représente qu’une synthèse de lectures et récits d’expériences récoltées sur le net ou auprès d’aquariophiles chevronnés. Chacun est libre de se faire sa propre idée de ce qui est bien pour son bac, mais nous garderons à l’esprit la primauté du respect envers l’animal, et envers ses besoins naturels, auxquels nous essayons, pour le plus grand nombre, de coller, même si nous savons bien qu’un bac n’est qu’une copie bien éloignée de la nature océanique.

Les réflexions de base

  • Lorsque l’on considère la taille d’un poisson pour savoir s’il est compatible avec le volume, on compte toujours la taille ADULTE, et non la taille au moment l’achat.
  • Les poissons de plus de 10 cm (taille adulte donc) sont déconseillés pour un volume de bac inférieur à 200 litres.
  • Désolée de briser les rêves de beaucoup, mais à mon humble avis, et après de nombreuses lectures, il ne semble pas vraiment raisonnable de maintenir de chirurgien dans moins de 300 litres. A moins peut-être de choisir un Zebrasoma flavescens, acceptable dans un volume de 250 à 300 litres, s’il est le seul grand poisson du bac (pas de poissons de plus de 5 cm en ce cas), et si la configuration du bac lui offre de nombreux parcours de nage, car c’est un nageur, qui apprécie de faire de petites pointes de vitesse. Un bac en longueur et au décor très étudié sera donc une condition sine qua non du bien-être de ce poisson. Idem pour le Chelmon rostratus, très à la mode, mais qui est déjà un poisson suffisamment délicat à maintenir en récifal sans en plus essayer de contenir ses fringales de polypes dans un petit espace !
  • En micro-récif, on a beaucoup de chance : on a le loisir d’observer de petites espèces, qui passent inaperçues dans un grand bac, que se soit par timidité face aux bacs agités ou à cause de leur taille réduite. De nombreuses espèces sont particulièrement recommandées aux micros et nanos, comme les gobies Eviota, les Gobiodons, les Gardes Suisses, les Assesseurs, les Stonogobiops… Au lieu de chercher à mettre de trop gros poissons inadaptés à nos bacs, nous devrions être heureux de cultiver notre différence et nous diriger vers ces espèces que de nombreux « mega recifalistes » nous envient !
  • Lorsque l’on réfléchit à sa population, il est important de connaître le comportement de chaque animal, et sa place favorite dans le bac. On évite ainsi les mauvaises cohabitations, et la surcharge d’une zone au détriment d’une autre laissée vide. Egalement, on fait attention à ne pas faire cohabiter dans un petit espace deux poissons aux patrons de coloration similaires (Pseudochromis paccagnallea et Gramma loreto, Gramma loreto et Ecsenius bicolor…) Les poissons se battraient en pensant trouver un congénère sur le même territoire.
  • Essayer de ne pas associer des poissons très vifs avec des poissons ayant du mal à vaincre leur timidité pour venir se nourrir. Ou alors rester très vigilant pour que ces derniers obtiennent de quoi de sustenter.
  • Il sera comme on le disait intéressant de choisir des poissons aux comportements et à la prise d’espace du bac différents. Ils ne se « marcheront pas sur les pieds », et chacun vous interpellera par un comportement particulier. Par exemple sur un choix de 4 poissons, on pourra choisir un poisson nageur de pleine eau (petit labre, centropyge, selon l’espace dédié), un poisson de fond (gobie…), un poisson de roche (gramma, assessor…) ou un poisson « casanier » (poisson clown) et un poisson calme, de pleine eau (Apogon, Blennie midas, Nemateleotris, Ptereleotris)
  • Et bien sûr, on se renseigne sur les animosités des uns et des autres (prédateurs de crevette, cohabitation inter espèce…), pour que le bac reste un endroit 100% zen !


Les règles de calcul, un moyen fiable de contrôler sa population

Certes, les mathématiques ne doivent pas être l’unique paramètre à entrer en compte dans le choix d’une population, mais les règles de calcul classiques permettent de se faire une idée de ce qui est acceptable.

La règle la plus classique est celle des « centimètres par litre ». Si en eau douce, on énonce 1 cm de poisson pour 1 litre d’eau, en eau de mer, le ratio baisse drastiquement : 1cm pour 5 litres. Et attention, quand on dit un litre d’eau, ce n’est pas un litre de volume brut du bac. Avec ce que l’on met de pierres, de coraux, de matériel, un bac de 100 litres doit contenir en moyenne 70/80 litres d’eau au maximum ! Donc, pour un aquarium de 100 litres, on obtient un laisser passer pour 14 à 16 centimètres de poisson, à la louche. Il n’est évidemment pas question d’introduire un poisson de 16 cm dans le bac, dont le bien être serait compromis dans si peu d’espace, mais plusieurs petits poissons dont l’addition des tailles adultes fera dans les 16 centimètres. 16 centimètres, c’est un couple d’Ocellaris + un Gobiodon par exemple. Ou un Gobiosoma et un Apogon… Ou encore des dizaines d’autres combinaisons…

En calcul inverse, si l’on a une liste de population en tête et que l’on souhaite voir si cette liste serait compatible avec le bac, une règle plus récente et il faut le dire, moins restrictive, existe. Cette règle comblera les partisans d’une population, comment dire… diversifiée, riche, vivante… sans pour autant verser dans la surpopulation.

J’ai lu l’énoncé de cette règle pour la première fois dans feu Reef Mag, et je ne sais ni d’où elle vient, ni qui l’a diffusé en premier, mais je sais qu’elle marche bien, l’ayant appliquée à mon bac avec succès jusqu’à présent.

Le calcul parait compliqué mais semble plus coller à la réalité. Elle part du principe qu’un gros poisson de disons 10 cm pollue beaucoup plus que 2 poissons de 5 cm, de part sa corpulence générale. La règle se propose donc de mettre en évidence un « indice de masse corporelle », différent selon la taille de chaque poisson. Cet indice grimpe de façon exponentielle avec la taille du poisson, démontrant par le chiffre la place que prend un gros poisson dans un bac par rapport à plusieurs petits.



Mettons en pratique :

Il s’agit de multiplier au cube la taille adulte d'un poisson puis de diviser ce nombre obtenu par 25 (25 représente la corpulence moyenne d’un poisson), puis d'additionner toutes les valeurs obtenues et de rediviser le résultat par le nombre de litre d'eau NET du bac.

Soit une personne qui possède un bac de 300 litres, et souhaite avoir ces poissons :

  • Un couple d’Ocellaris = 8 et 10 cm adulte,
  • un couple d’Ambligobius = 5 cm,
  • un Gramma loreto = 9 cm,
  • un Halichoeres trispilus = 8 cm,
  • un Ecsenius bicolor = 11 cm,
  • un Zebrasoma flavescens = 18 cm,
  • un couple de Cryptocentrus cinctus = 8 cmX2.

Alors faisons le calcul:

  • Ocellaris 8X8X8 /25 = 20,48 et 10X10X10 /25=40,
  • Amblygobius 5X5X5 /25= 5 par individu, soit 10 pour le couple,
  • Gramma = 9X9X9 /25 = 29,16,
  • Halichoeres 8 cm donc comme pour l’Ocellaris 20,48,
  • Ecsenius 11X11X11 /25= 53,24,
  • Zebrasoma flav = 18X18X18 /25 = 233,28,
  • Cryptocentrus = 20,48 X2 = 40,96.

Ce qui fait donc: 20,48+40+10+29,16+20,48+53,24+233,28+40,96= 447,6

Et donc au final 447,6 divisés par 260 litres d’eau net (pour un bac de 300 litres brut) = 1,72

Ce chiffre donne la densité de population du bac...

Sachant que la densité de population doit être au maximum de 2 avant de passer à la surpopulation, ce chiffre témoigne d’une population convenable, pour le volume donné.

Suite au prochain épisode...

2de partie: Petit panorama des possibilités selon le litrage

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, tout d'abord bravo pour tous ces articles. J'ai lu avec attention votre article Sabine. J'ai tenté d'appliquer le calcul à un bac de 37L net (mon futur bac). J'ai choisi des poissons de moins de 5 cm et du coup la règle énoncée ne fonctionne plus. En prenant des poissons de 3 cm de long et en cherchant le nombre que je peux en mettre dans 37L j'arrive à ... 34 ! Ceux qui fait 102 cm de poissons ! Bien évidemment le bon sens fait que personne ne mettrait autant de poisson dans un si petit bac, mais peut-être faudrait-il le préciser ? Corrigez moi si je me trompe. Récifalement Mael

kactusficus a dit…

Bonjour Maël,

Toutes mes excuses pour le long delai de réponse...

Oui, évidemment, avec les tout petits poissons, le calcul selon la règle de la masse n'a que peu de sens, compte tenu des tailles impliquées, vous avez raison!
C'est pour cela qu'il faut également se réferer à l'autre méthode, celle des centimètres, pour y voir plus clair... et aussi se fier à son bon sens, car comme je le disai, ces règles ne sont pas faites pour être prises comme parole d'Evangile, mais permettent de mettre en évidence des problèmes, en certains cas.

Il faudrait effectivement que je révise cela dans une prochaine modification de l'article, merci de me l'avoir fait noter!

Je pense que vous verrez mieux où tout cela nous mène avec l'arrivée imminente de la suite de l'article, où bien d'autres éléments comptant dans l'etablissement d'une population harmonieuse seront exposés.

Je vous remercie en attendant d'avoir lu l'article et d'y avoir apporté votre commetnaire!

amicalement,
Sabine

Anonyme a dit…

Bonjour,
super bien votre article.
J'ai une petite question car je ne connais pas encors les poissons de petite taille (je débute).
Je dispose d'un 54L brut, vous me conseillez quoi comme population dans ce petit volume?
Je cherche a avoir une pop riche en couleur et qui occupe tout les espaces. Merci de votre aide.
Romain.